78 Tours : Le Pas de la Spirale est un seul-en-scène chorégraphique conçu par Camille Desmarest, qui convoque les multiples facettes de l’œuvre et du parcours de Jean Guizerix, danseur Étoile de l’Opéra de Paris. Si ce projet mûrit depuis le printemps 2020, moment où Camille propose cette aventure à Jean, ce n’est qu’en mai 2023 que se tiendront les premières sessions de travail en studio.
Tour à tour absurde ou burlesque, savant maladroit ou génie trouve-tout, clown de danse malicieux qui a toujours quelques tours dans son sac, Jean Guizerix parcourt à travers ces 78 tours les spires des sillons du temps, en visitant la machinerie à l’œuvre dans le geste poétique, telle la mécanique d’une boîte à musique.
Camille Desmarest et Jean Guizerix se livrent à une véritable paléontologie chorégraphique, permettant d’explorer et de mettre en scène les empreintes laissées par les états de corps et la galerie de personnages traversée par le danseur au fil de sa carrière.
Quel présent pour ces présences ?
La diversité qui caractérise le parcours de Jean Guizerix déborde des frontières de la danse, pour cet artiste qui a également vogué sur les rives de l’écriture (poésie, nouvelles…), des arts plastiques, ou du cirque.
C’est cette dimension poétique qui irrigue tout aussi bien les pratiques artistiques que la vision de la vie de Jean Guizerix, que Camille Desmarest s’attache à mettre en lumière.
Camille Desmarest fut à partir de 2008, son élève ainsi que celle de Wilfride Piollet avec qui il a formé un couple d’Étoiles. Passionnée par leur travail, elle entreprend, en parallèle du développement de ses créations chorégraphiques et de recherches somatiques, un travail de mise en forme et d’inventaire de leur fonds d’archives. Elle obtient en 2017 l’ARPD (Aide à la recherche et au patrimoine en danse) du CND (Centre national de la danse) pour ce projet, qu’elle mène en étroite collaboration avec Wilfride Piollet dans un premier temps puis avec Jean Guizerix après le décès de cette dernière.
C’est forte de ce travail et de cette relation que Camille Desmarest a décidé de chorégraphier ce solo pour Jean Guizerix, qui en est à la fois le sujet et l’interprète.
Crédits :
Camille Desmarest : conception, mise en scène et chorégraphie
Jean Guizerix : interprétation
Captain Simard : création musicale et regard extérieur
Marie Fernier : voix off
Quelques mots à propos de la composition musicale :
Le titre même de “78 Tours : Le Pas de la Spirale” renvoie, dans le domaine musical, aux notions qui structurent la pièce et aux problématiques qui la sous-tendent.
Le 78 tours, c’est tout d’abord une archive, avec tout ce que cela implique de distorsion de l’œuvre ainsi fixée, que cela soit dû à la qualité de l’enregistrement ou à l’altération inévitable du support. C’est ensuite un objet, avec une mécanique qui lui est propre. Que ce soit lors de l’enregistrement ou de la restitution, l’objet sonore est en effet indissociable des mécanismes qui permettent son existence.
La recherche et la création musicales pour la pièce furent donc guidées par ces deux notions. D’une part, la plongée quasi-archéologique dans des archives sonores datant de plus d’un siècle a permis d’exhumer des œuvres qui ont servi de matériau de base à des re-créations spécialement conçues pour la scène. Ces œuvres ont par ailleurs servi de modèle sonore à des créations originales, tant au niveau du traitement du son, que du jeu instrumental même. Enfin, la notion de mécanique se place au cœur du paysage sonore ainsi conçu, en détournant des objets musicaux (phonographe, accordéon, boîtes à musique…) de leurs fonction initiale.
L’exploration de ces différentes dimensions permet ainsi un dialogue constant de la création sonore avec une chorégraphie dont elle partage les enjeux.
Captain Simard